Paris - Venise sur les traces de l'Orient Express

Qui n'a pas rêvé de s'élancer sur les traces du mythique Orient Express ? C'est avec cette idée derrière la tête que je décide de rejoindre Venise par la voie ferroviaire. Pas de luxueux wagon Pullman mais un bon vieux "couchette" de la SNCF. L'itinéraire varie également car le col de Simplon n'est pas au programme, replacé par le plus plat tunnel du Fréjus. A la lecture des forums et autres avis, l'arrivée par le pont ferroviaire au petit matin est souvent décrite comme une expérience à elle seule.

La gare de Bercy est une sorte d'annexe de la gare de Lyon pour les trains de nuits vers l'Italie avec la particularité notable de n'être pas connectée à la gare de Lyon. Pour s'y rendre il faut prendre le métro à la station Bercy. La gare est informe et ne ressemble par à une gare classique mais à un vulgaire quai de RER de banlieue. Sur place, le comité d'accueil policier plante un décors inattendu. Le glamour du trajet de l'orient express laisse place au chemin de retour des recalés de l'union européenne, aux passeurs avec des bagages et autres volumineuses malles qui ne peuvent pas être transportées par avion. Un arrêt en pleine nuit au milieu des Alpes pour un contrôle douanier achève la dernière dose de romantisme qui subsistait. Milan, tout le monde descend, le compartiment retrouve enfin son calme. Au petit matin les contreforts des Alpes enneigées défilent en arrière plan de vergers en sommeil hivernal. Arrêt à Vérone, le romantisme refait brièvement surface. Vient le moment tant attendu du franchissement de la lagune, moins impressionnant que prévu, la faute à la zone industrielle traversée en amont.

En gare d'arrivée on se sent d'abord désorienté, évidemment point de taxi et autre navette pour nous conduire à l'hôtel, il faut donc arpenter les étroites ruelles, valises à la main, ce qui n'a rien d'une partie de plaisir. Bon, comme la ville est finalement petite, les hôtels ne sont jamais mal placés et on est proche de tout.

Les incontournables ne sont pas galvaudés. La place St Marc a la majesté annoncée, la cathédrale de style byzantin a une aura mystique prononcée grâce à des mosaïques d'une rare finesse, et la vue du campanile magnifique. Le grand canal fourmille de gondoles et de vaporettos qui se croisent au milieu du petit clapot marin. Le très élégant pont du Rialto est un peu trop encombré pour être agréable. Mais pour moi le véritable belvédère est la passerelle de l'académie avec perspective magique sur la basilique Santa Maria della Salute.

Il me faudra quelques mois pour définir le sentiment de gène qui m'a envahi lors de ce voyage. Rétrospectivement, c'est le fait qu'il n'y ait ni parc ni arbre, rien de la pierre et de l'eau, qui m'a procuré cet étrange sentiment d'étouffement.

Le trajet de retour se fera ... en avion !